La nouvelle pourrait faire scandale dans les jours à venir. Un médicament utilisé pour traiter les troubles bipolaires, la psychose, la schizophrénie ou encore la dépression a été signalé comme un catalyseur potentiel de la dépendance aux jeux de hasard. Effectivement, l’anti-psychotique en question, l’aripiprazole, a été signalé par la National Problem Gambling Clinic, à Londres, au Royaume-Uni. Selon le service qui a administré ce traitement, une augmentation de l’addiction au jeu a été constatée après que ses patients aient commencé à prendre le médicament.
Un anti-psychotique qui transforme les malades en personnes accros au jeu
Selon la professeure Henrietta Bowden-Jones, psychiatre responsable de la National Problem Gambling Clinic à Londres — mais aussi professeure honoraire à la University College de Londres et chercheuse principale invitée honoraire au département de psychiatrie de l’Université de Cambridge —, il faut cesser de prescrire de l’aripiprazole pour traiter les pathologies d’ordre mental. En effet, ce neuroleptique dit « atypique » inciterait les patients à devenir dépendants.
« Le problème est bien plus grave qu’on ne le pense. Le médicament est directement responsable de comportements et de tendances à la dépendance, il ne s’agit pas d’un simple effet secondaire de l’aripiprazole », explique madame Bowden-Jones, laquelle fait part de ses inquiétudes parce que la molécule contenue dans le traitement est susceptible d’encore plus aggraver la vie des patients.
« Ici, au Royaume-Uni, nous entendons constamment dire que les équipes de santé mentale ne sont pas au courant. Il faut faire davantage pour éviter que des personnes soient mises sous aripiprazole sans avoir été averties et suivies », poursuit le médecin et psychiatre.
Un lien évident entre le médicament et la dépendance aux jeux de hasard
Selon les données de la clinique, environ 9 % des personnes à qui l’on a administré un anti-psychotique ont pris de l’aripiprazole, soit 30 patients sur les 359 qui sont suivis par Henrietta Bowden-Jones et ses équipes.
« Même si ce dernier a été établi assez récemment, il existe un lien évident entre le médicament et la dépendance aux jeux de hasard », explique l’intéressée, qui appelle à une action immédiate pour s’attaquer au problème en collaboration avec les médecins généralistes et les autres spécialistes médicaux, notamment ceux qui sont en mesure de prescrire ledit neuroleptique.
« Les patients sont souvent réticents à admettre qu’ils ont un problème avec le jeu. Il est du devoir des médecins d’enquêter. Ils doivent chercher activement à en savoir plus sur leurs patients, car s’ils souffrent d’une pathologie ou d’une addiction aux jeux de hasard, ce n’est pas l’aripiprazole qui va les guérir, bien au contraire », termine Henrietta Bowden-Jones, qui précise qu’en règle générale, les personnes souffrant de maladies psychiatriques sont beaucoup plus susceptibles de devenir accros au jeu que les autres.
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